Atelier de supervision |
Sylviane Bloudanis |
Corps et âmes
Abstract
A partir de la question de départ « la supervision, outil fréquemment utilisé dans les métiers de la relation, peut-elle être une alternative dans le corps de police pour une meilleure gestion du stress, une plus grande réflexivité dans les pratiques et une prévention efficace des dégâts envers soi-même (burn out) ou envers autrui (bavures) et du mieux être général? », nous avons émis l’hypothèse que, considérant les difficultés et pressions professionnelles auxquelles sont confrontés quotidiennement les policiers, la supervision (secundum artem, id est, un outil spécialement adapté aux besoins des métiers relationnels) pourrait effectivement être une aide non négligeable et que les besoins, dissimulés, tus ou exprimés, existent bel et bien. Cependant, dans notre hypothèse, nous avons dû aussi tenir compte des éventuelles résistances individuelles et de l’influence de l’esprit de corps qui l’un et l’autre peuvent mener au déni du dysfonctionnement (individuel ou collectif) ou du mal-être.
Notre enquête s’est donc efforcée d’évaluer les besoins qui pourraient justifier le recours à la supervision et la nature des résistances en s’appuyant sur des apports théoriques et empiriques ainsi que sur des entretiens qualitatifs avec un nombre restreint de policiers. Les recherches ont porté sur les aspects relationnels du métier de policier, ses spécificités et ses difficultés, la prise en compte et la gestion des émotions, la capacité réflexive, les moyens déjà mis en place en terme de soutien et l’impact de l’esprit de corps sur l’individu.
Au terme de l’enquête, il est nous est apparu que la supervision pouvait être l’outil adéquat, jusqu’alors pièce manquante, pour une meilleure gestion du stress et, en amont, de ses multiples facteurs. En effet, La supervision n’est pas une aide psychologique ou une réparation après coup, mais une ressource pour améliorer ses capacités professionnelles, ses compétences relationnelles, ses qualités réflexives. C’est l’apprentissage du décodage de soi en situation professionnelle. Comme à la fin d’un apprentissage, le supervisé pourra, au terme du processus de supervision, avancer seul avec ses propres outils et il n’oubliera pas les bons « gestes » dès lors qu’il utilisera régulièrement ses nouveaux acquis.